Il a suffi de deux stands, au début de mon parcours, pour remplir ma besace au-delà de mes espérances. Je trouvai sur l'un d'eux un exemplaire en solde mais en parfait état, du beau livre de Nicole Durand, De l'Horreur à l'Art, qui présente les productions artisanales que les poilus ont réalisées dans les tranchées, des objets taillés dans les balles et les obus, une véritable orfèvrerie dont on peut d'ailleurs voir quelques exemples à l'exposition d'Orsennes (visible encore jusqu'au 7 novembre).
Acquis également un supplément de huit pages au journal L'Illustration, consacré aux Croquis de Guerre 1914-1915 de François Flameng, Aquarelles et Sépias exécutées sur le Front.
"En vain, écrit le rédacteur de L'Illustration, M. François Flameng objecta son appréhension de n'avoir peut-être pas rendu toute la grandiose beauté des scènes qu'il lui a été donné de contempler, le dramatique de ces champs labourés d'obus, de ces villages anéantis par le fer ou la flamme On insista ; il dut céder à ces amicales suggestions. Et voilà comment L'Illustration a la bonne fortune d'entreprendre la publication d'une série de documents d'un rare intérêt pour l'histoire de la plus gigantesque des guerres, série qui ne s'achèvera qu'avec la rentrée triomphale des troupes françaises."
Flameng livrera ainsi pendant toute la guerre des travaux pour le journal, sillonnant le front avec voiture et chauffeur. Son engagement officiel ne l'empêche pourtant pas de rendre avec réalisme des scènes de vie dans les tranchées. J'aime bien par exemple cette aquarelle, présente dans le supplément que j'ai acheté, décrivant le 28 juin 1915 la livraison de la soupe à Notre-Dame -de Lorette, un des lieux les plus meurtriers de ce début de guerre. Juste après un orage, la tranchée remplie d'eau.