Les rituels de l'avant-représentation.
Le repas acteurs, la longue tablée, le passage au manège carré, les amis qu'on croise, venus parfois de loin.
La revue des accessoires.
L'habillage, le maquillage éventuel.
Les derniers debriefings, Bruno qui raye une à une au stylo rouge les notules de son grand cahier.
Le rassemblement près de la petite maison, sur le plateau des acacias, la ronde, le comptage, l'échauffement.
La petite harangue pour exhorter la troupe.
La lettre de poilu, ce soir-là lue par Jackie, dont c'est l'anniversaire : Martin Vaillagou, lettre à ses deux fils, Maurice et Raymond.
Les embrassades, la montée au château, le placement, l'attente.
La nuit qui descend, l'écho des pas dans les gradins, la rumeur de l'auberge qui achève son service.
Le message des intermittents, lu par Niko, applaudi in fine par le public.
La pénombre, le discours de Déroulède, les lumières rasantes sur le pré.
Les poilus surgissent de la chapelle.
L'histoire commence.
Je me glisse en elle, prenant quelques rares notes, n'aspirant finalement qu'à me laisser emporter comme n'importe quel spectateur. Seul me dérangerait ce qui entraverait la coulée diaprée du rêve. Je songe à ce passage recopié un jour d'une étude sur le metteur en scène tchèque Otomar Krejča :
"Krejča a insisté à maintes reprises sur l'énergie, le courant interne qui doit soutenir la représentation comme un flux incessant, porter toujours plus avant les situations et les personnages. Il ne tolère pas de "flou", même d'une demi-seconde, ni à l'avant ni au fond de la scène. Il se passe tout le temps quelque chose partout, l'image théâtrale n'est jamais creuse, jamais statique."
Je ne me leurre pas : des flous d'une demi-seconde et même bien plus longs, il en existe dans la pièce, mais c'est notre travail maintenant de les traquer, résolument, mais calmement, car il ne s'agit surtout pas de développer des tensions. Il s'agit plutôt de dénouer, d'ouvrir, de laisser claquer au vent notre linge mouillé.
Le repas acteurs, la longue tablée, le passage au manège carré, les amis qu'on croise, venus parfois de loin.
La revue des accessoires.
L'habillage, le maquillage éventuel.
Les derniers debriefings, Bruno qui raye une à une au stylo rouge les notules de son grand cahier.
Le rassemblement près de la petite maison, sur le plateau des acacias, la ronde, le comptage, l'échauffement.
La petite harangue pour exhorter la troupe.
La lettre de poilu, ce soir-là lue par Jackie, dont c'est l'anniversaire : Martin Vaillagou, lettre à ses deux fils, Maurice et Raymond.
Les embrassades, la montée au château, le placement, l'attente.
La nuit qui descend, l'écho des pas dans les gradins, la rumeur de l'auberge qui achève son service.
Le message des intermittents, lu par Niko, applaudi in fine par le public.
La pénombre, le discours de Déroulède, les lumières rasantes sur le pré.
Les poilus surgissent de la chapelle.
L'histoire commence.
Je me glisse en elle, prenant quelques rares notes, n'aspirant finalement qu'à me laisser emporter comme n'importe quel spectateur. Seul me dérangerait ce qui entraverait la coulée diaprée du rêve. Je songe à ce passage recopié un jour d'une étude sur le metteur en scène tchèque Otomar Krejča :
"Krejča a insisté à maintes reprises sur l'énergie, le courant interne qui doit soutenir la représentation comme un flux incessant, porter toujours plus avant les situations et les personnages. Il ne tolère pas de "flou", même d'une demi-seconde, ni à l'avant ni au fond de la scène. Il se passe tout le temps quelque chose partout, l'image théâtrale n'est jamais creuse, jamais statique."
Je ne me leurre pas : des flous d'une demi-seconde et même bien plus longs, il en existe dans la pièce, mais c'est notre travail maintenant de les traquer, résolument, mais calmement, car il ne s'agit surtout pas de développer des tensions. Il s'agit plutôt de dénouer, d'ouvrir, de laisser claquer au vent notre linge mouillé.